Marianne pédagogie Steiner Waldorf

Ce que Marianne ne vous dit pas (du tout) sur les écoles Steiner Waldorf

La parabole de la paille et de la poutre ?

Dans son article “Ce que le monde ne vous a pas (vraiment) dit sur l’anthroposophie”, paru le 22 Juillet sur le site de Marianne, le journaliste Jean Loup Adénor remet en cause le travail d’enquête et les méthodes des journalistes du Monde, auteurs de la série d’été consacrée à l’anthroposophie. Néanmoins, le journaliste emploie pour ce faire des procédés qui nous questionnent…


Des faits essentiels passés sous silence

S’il est exact que la la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) est vigilante quant aux écoles Steiner Waldorf en France depuis la fin des années 1990, il aurait été également indispensable de préciser que, jusqu’à maintenant, la Miviludes n’a pas constaté de « dérive sectaire ». Même constat du côté de l’éducation nationale, non évoqué dans l’article. Il est très étrange que ces faits essentiels soient passés sous silence.

Des sources sans expertise et des témoins triés

Il existe de multiples études universitaires réalisées dans le monde, de nombreux témoignages d’anciens élèves et d’anciens parents, des spécialistes de l’éducation comme par exemple Andreas Schleicher, ancien élève aujourd’hui directeur de l’éducation de l’OCDE et créateur du classement PISA. Même Heiner Ulrich, spécialiste reconnu et particulièrement critique de la pédagogie Waldorf, souligne en se basant sur les études réalisées auprès d’anciens élèves, qu’aucun enseignement de l’anthroposophie n’est à constater.

Comment est-il possible que Marianne se contente de citer quelques témoins triés sur le volet, certains témoignages datant de plusieurs décennies, ainsi que des experts autoproclamés dont les seuls faits d’armes ont été de donner la parole au détracteur le plus virulent et le moins fiable au sujet de nos écoles ? Pour se faire une opinion sérieuse sur la pédagogie Steiner Waldorf, on ne peut se contenter de citer une poignée de détracteurs dont on ne comprend guère la légitimité, encore moins des sources anonymes invérifiables.

étude école steiner 2021
À lire : “Nous étions à l’école Waldorf”, les retours de 3000 anciens élèves analysés par la recherche universitaire

Témoignage sous serment

Contrairement à ce qu’affirme l’article, ce n’est pas la fédération des écoles Steiner Waldorf qui a rapporté les accusations d’agression sexuelle mettant en cause Grégoire Perra, mais une de ses anciennes élèves. Son témoignage sous serment a été déposé au tribunal. À l’époque des faits, après une lettre d’aveux et d’excuses rédigée par Grégoire Perra lui-même, la famille de la jeune fille (mineure à l’époque) avait renoncé à porter plainte contre lui.

Un parti-pris évident

Nous constatons dans cet article, ainsi que sur les réseaux sociaux, des tentatives acharnées pour essayer de mettre en cause la qualité du travail du journal Le Monde. Rappelons tout d’abord que ce dernier a pris soin de donner la paroles autant aux détracteurs qu’aux défenseurs, et que les journalistes ont fait l’effort d’aller sur le terrain et ont pu échanger avec des dizaines d’élèves et de parents. De même, les journalistes du Monde se sont renseignés auprès des autorités et n’ont pas fait l’impasse sur la parole des experts ayant réellement mené des études. Le résultat de leur enquête n’est pas un article encensant notre pédagogie, mais présentant un panorama nuancé et contradictoire, basé sur un travail de terrain et un large panel de sources.

À contrario, les quelques journalistes qui dénoncent aujourd’hui avec acharnement le travail du Monde ont en commun le fait d’avoir dernièrement réalisé des articles ou des livres à charge, en se basant sur quelques témoignages et en donnant la parole à une poignée de détracteurs virulents, ignorant tout de la réalité du terrain, de l’expansion internationale du mouvement et des nombreuses études réalisées.

Pour finir, il aurait été plus honnête que l’auteur de l’article, Jean-Loup Adénor, annonce ouvertement son conflit d’intérêt sur le sujet : il est le co-auteur d’un ouvrage à paraître, “le nouveau péril sectaire”, dont l’intention affichée est d’alimenter les rumeurs de sectarisme autour des écoles Steiner-Waldorf.