Marie-Ange Angelini

Étudiante en design Ancienne élève

“Je suis une ancienne élève de l’école Perceval à Chatou. J’y ai passé toute ma scolarité ainsi que mon bac ES, que j’ai eu avec mention. Je précise cette information au cas où des personnes pensent que cet enseignement ne suit pas le programme de l’État. Après mon bac, j’ai passé un an en fac de psychologie à Descartes à Paris. Aujourd’hui, je suis en école de design à l’ECV où je me prépare à passer mon master.

À la vue des attaques que subissent les différents établissements, ainsi que la pédagogie en elle-même, j’aimerais apporter mon témoignage concernant ma scolarité. Tout d’abord, cette école vous laisse libre de vos choix, cela peut sembler fou de préciser une telle chose mais je m’explique : on peut ne pas aimer les écoles Steiner, on peut ne pas y scolariser ses enfants, on peut les en retirer si on les y a scolarisés – ce que ne permet pas une secte – ainsi donc, on reste libre de décider, pour soi ou son enfant, ce que bon nous semble. Concernant la pédagogie en elle-même, j’y ai appris beaucoup de choses différentes, que je n’aurais peut-être pas trouvées ailleurs. J’y ai appris le dessin, la couture, la peinture, le travail du bois, les maths, le français, l’histoire-géographie, la poésie, la musique, le chant, le théâtre, la physique-chimie, la SVT, etc. J’y ai développé mon autonomie, ma créativité et ma curiosité. J’ai fait un échange de trois mois en Australie, beaucoup de voyages avec ma classe et de nombreux stages en plus de celui de 3ème (stage social, stage agricole…) et à aucun moment je ne me suis sentie forcée d’y rester.

Mes parents ont décidé de me mettre dans cette école, et lorsque j’ai grandi, j’ai pris moi-même la décision d’y rester. J’y suis restée car j’ai découvert plus qu’une école où j’apprenais des leçons de maths classiques. J’y suis restée car j’ai découvert de nombreuses passions qui aujourd’hui me définissent et me permettent de m’épanouir. J’y suis restée car j’ai rencontré plus que des professeurs, j’y ai rencontré des personnes qui n’avaient pas peur d’y mettre du leur, pour que chaque projet entrepris puisse aboutir de la plus belle des façons, même si cela impliquait des heures sup !

Je ne suis pas en train de dire que cette école est la meilleure, car peut-être qu’elle ne vous conviendrait pas à vous ou vos enfants, mais à moi, elle m’a beaucoup apporté et je suis très attristée de constater que des propos si violents puissent être tenus. Cette pédagogie existe depuis maintenant cent ans à travers le monde entier, elle peut avoir quelques défauts (oseriez-vous dire que les écoles publiques n’en ont pas ?) mais ce ne sont certainement pas des défauts qui vous empêchent d’être libre ou qui portent atteinte à l’individu.

Il peut y avoir des critiques, car la liberté d’expression reste une valeur importante que partage cette pédagogie, mais on ne peut pas laisser dire n’importe quoi, sans fondement véritable, au sujet de ces écoles. Si je me prononce aujourd’hui, ce n’est pas par obligation, ni parce qu’on m’y a forcée, c’est parce que je souhaite voir évoluer et perdurer ce système éducatif qui m’a permis de me construire et d’acquérir de belles valeurs sociales, humaines et environnementales, valeurs nécessaires dans le contexte actuel de ce monde. Pour finir, je dirais qu’on ne sort pas meilleur d’une école Steiner (cela serait prétentieux et infondé), mais on en sort différent, et cela permet à chacune des personnes qui se sont senties à l’aise dans cette pédagogie, de trouver sa voie ainsi qu’un sens pour son futur.”