Les écoles Waldorf ne sont pas épargnées

Communiqué de la Fédération suite à l’article de la blogueuse Margaux Duquesne

La Fédération française Steiner-Waldorf a pris connaissance de l’article de Margaux Dusquesne, intitulé « Y-a-t-il une omerta sur les abus sexuels dans les écoles Steiner-Waldorf », et souhaite réagir. La parution d’un tel article dans le contexte actuel n’a rien d’étonnant, mais le sous-entendu soulevé est inacceptable, d’autant qu’aucun des éléments apportés dans l’article ne constitue un fait solide.


Rappelons que, d’après les chiffres communiqués par le site de l’association « Innocence en danger », 33 viols sont déclarés en moyenne chaque jour en France et que 81% des victimes d’abus sexuels concernent des mineurs. Les cas de violence ou d’agressions sexuelles entre mineurs est aussi un fléau réel : en 2018, 2143 plaintes sur des faits de violences et de harcèlement sexuel concernant des enfants de moins de 13 ans ont été déposées en France. Une simple recherche sur internet permet de trouver rapidement beaucoup d’articles parus cette année sur le problème des violences sexuelles entre mineurs, un fléau que toutes les structures subissent. Courte revue de presse : « Le douloureux sujet des violences sexuelles entre enfants » (Le Parisien), « Violences sexuelles entre enfants » (Le Parisen), « Violences sexuelles : près d’un mis en cause sur dix a moins de treize ans » (France Inter), « Il y a de plus en plus de violences sexuelles entre enfants, selon une association » (RTL), « Violences sexuelles entre jeunes enfants : « Il faut leur faire comprendre que l’intimité est sacrée » » (Europe 1), etc. Comment une journaliste peut-elle prétendre vouloir apporter un éclairage réel et objectif sur la situation spécifique des établissements Steiner-Waldorf en omettant de tenir compte de ce contexte ?

N’étant pas des microcosmes isolés de la société, les écoles privées ne sont pas épargnées : elles font face aux mêmes problèmes et partagent les mêmes soucis que les autres institutions. Comme toutes les institutions éducatives, les établissements Steiner-Waldorf sont appelés à trouver des réponses adaptées à ces problèmes de société qui ne les épargnent pas. Elles y travaillent en permanence et les équipes pédagogiques sont de plus en plus formées sur ces questions de harcèlement et de violence à l’école pour constamment améliorer la prévention, la protection et l’accompagnement des enfants. Les établissements Steiner-Waldorf font tous les signalements nécessaires et travaillent main dans la main avec les services compétents et les autorités de tutelle.

Bien que les différents cas cités dans cet article aient laissé certaines familles dans l’insatisfaction, il semble que les écoles aient pris des mesures nécessaires et cherché à résoudre ces situations avec les outils à leur disposition. S’appuyer quasiment exclusivement sur le témoignage de parents choqués par des évènements susceptibles de se produire dans n’importe quelle structure scolaire pour créer une association artificielle entre violence sexuelle et la pédagogie Steiner-Waldorf est un procédé inacceptable. Nous commentons sous ce communiqué chaque situation mentionnée dans l’article de Mme Duquesne. Une plainte ou un témoignage n’est pas synonyme de « faits avérés » : la présomption d’innocence reste de mise et, parfois, la personne ou l’enfant accusé éventuellement à tort a aussi vécu la situation comme un traumatisme.

Rappelons que d’après des chiffres de 2018 qui viennent d’être publiés par le Bureau fédéral allemand de statistique, le nombre de nouvelles scolarisations en école Steiner-Waldorf en Allemagne n’a jamais été aussi élevé. La barre des 7000 nouveaux élèves a été dépassée. Le pourcentage de scolarisations en pédagogie Steiner-Waldorf a doublé depuis les années 90. En 10 ans le nombre d’écoles Steiner-Waldorf est passé de 204 à 228 en Allemagne, et le nombre d’élèves scolarisés de 79 600 à 85 500. Les scolarisations en écoles Waldorf représentent 1% des scolarisations du pays. Le nombre de personnes se formant à la pédagogie Steiner-Waldorf est aussi en forte augmentation. Comment une pédagogie pourrait-elle être aussi populaire et reconnue par les institutions outre-Rhin, si les soupçons que Margaux Duquesne essaie de répandre correspondaient à une quelconque réalité ?

Dans le cadre des attaques médiatiques que subissent actuellement les écoles Steiner-Waldorf en France, se pourrait-il qu’ayant échoué à faire croire en des dérives sectaires, une certaine presse minoritaire, mais malintentionnée, en vienne à agiter le spectre de la pédophilie pour salir coûte que coûte l’image de la pédagogie Steiner-Waldorf ? La parution d’un tel article, une semaine avant le verdict du procès qui oppose Grégoire Perra à la Fédération Steiner-Waldorf, alors que celui-ci répand les pires contrevérités à ce sujet, est très questionnante. Malgré la faible qualité journalistique de l’article de Margaux Duquesne, ce genre de sujets à scandale suscite vite l’émotion du public et permet de créer le « buzz » à peu de frais, ajoutant encore à la campagne de stigmatisation dont les écoles Steiner-Waldorf sont actuellement la cible. Pour cette raison, la Fédération a jugé nécessaire de publier le présent communiqué et compte sur la capacité de discernement du lecteur ainsi que sur le professionnalisme de la presse.

Annexe :

  • Fait n°1 : Concernant le cas du petit « Loïc », la Fédération n’a reçu aucune information à ce sujet, et il semble qu’il ne s’agisse pas d’une école affiliée.
  • Fait n°2 : Le nombre de signalements effectués auprès de la MIVILUDES mentionné est un chiffre global sans rapport avec des problèmes liés à des abus sexuels mais qui, placé ainsi dans l’article, laisse croire au lecteur qu’il s’agit de signalements pour abus sexuel. Ce procédé doit ici être dénoncé. La Miviludes reçoit un grand nombre d’appels de parents concernant les écoles alternatives et s’est dit, lors de notre dernière visite, rassurée par le fait que les établissements Steiner-Waldorf possède une Fédération qui peut apporter des réponses aux questions des parents. Le nombre d’appels reçus par la Miviludes était alors insignifiant pour eux ; ce nombre n’a pas évolué significativement en 2018 et 2019.
  • Fait n°3 : dans le cas de la petite « Annie » en Belgique, il aurait fallu au minimum entendre la version des faits de l’équipe pédagogique de cette école. Quelle que soit la réalité des faits, un cas de violence entre enfants est toujours possible et regrettable, et il peut arriver qu’une équipe pédagogique échoue à le résoudre , mais ceci ne constitue en aucun cas une base pour juger de la pédagogie Steiner-Waldorf en général.
  • Fait n°4 : dans le cas des jumeaux Jules et Charles, l’école à effectué tous les signalements nécessaires auprès des autorités et l’affaire, vieille de 16 ans, avait débouché sur un non-lieu. Le document présenté comme une « lettre de pression » ressemble plutôt à un compte-rendu de réunion. La journaliste laisse entendre, par ses propos, que les faits seraient avérés, ce qui n’a jamais été établi.
  • Fait n°5 : dans le cas du petit Mickael, l’école a fait tous les signalements utiles et le petit garçon a été vu par un psychologue indépendant, comme signalé dans l’article. Qu’aurait fait tout autre établissement que de se référer à des professionnels et de travailler avec les services de PMI (protection maternelle infantile) afin d’accompagner au mieux la situation ? Si toutefois, cette histoire s’est soldée par le départ d’une famille, cela ne permet pas de conclure à une faute de l’école. Le refus de dépôt de plainte n’est pas non plus à attribuer à l’établissement.
  • Fait n°6 : Concernant les allégations relatives à un enseignant d’une école de Los Angeles, les informations fournies sont insuffisantes pour permettre de retrouver des faits précis et l’article ne fournit qu’un témoignage. Cela ne peut suffire pour porter un jugement sur cette affaire.
  • Fait n°7 : Dans le cas de l’affaire liée à une école de New York, les révélations faites par une ancienne élève dans un livre autobiographique ont permis de mettre à jour les abus commis par un professeur plusieurs décennies auparavant. Suite à la publication de ces informations, l’école a immédiatement pris des mesures et elle-même engagé des enquêteurs pour investiguer à fond. Cela a permis de révéler l’existence d’autres victimes et les manquements de l’école à l’époque des faits. L’école a ainsi réalisé de sa propre initiative un véritable travail pour la mise à jour des faits, elle a pris ses responsabilités et reconnu les manquements pour en tirer toutes les leçons.
  • Fait n°8 : Il n’est pas précisé à quelle année remonterait les faits concernant l’école Perceval de Chatou, mais tout laisse à penser qu’il s’agit de la période où Monsieur Perra y a enseigné comme professeur de philosophie. Il est regrettable que la journaliste ne prenne pas le soin de renvoyer vers les informations complémentaires à ce sujet, en particulier l’article de Martin Bernard.